Dale Koninckx a été diplômé du master en Anthropologie en 2014. Il travaille depuis 2018 chez Médecins Sans Frontières. "J’avais pour rêve de (me) prouver qu’un anthropologue peut aussi être très utile en dehors d’un monde académique."

Emploi : coordinateur de projet depuis 2023 (avant cela, responsable Promotion de la Santé)

Secteur humanitaire

Employeur : Médecins sans Frontières

En quoi consiste votre travail ?

Mes missions sont les suivantes : 

  • Coordination de projet médicaux en situation d'urgence dans des contextes humanitaires aïgus.
  • Gestion des départements supply, finance, RH, médicaux, logistique.
  • Garant de la sécurité sur le terrain pour l'équipe.
  • Gestion d'équipes de + de 150 personnes et de budgets de plus de 3 millions d'euros.
  • Représentation de l'organisation auprès des autorités locales.
  • Gestion stratégique globale des programmes humanitaires.

Quels ont été les apports de votre formation dans votre vie professionnelle ? 

Compétences : adaptation, sensibilité culturelle, relativisme, observation, analyse, communication orale et écrite, facilité de création et maintien de lien social, écoute, enquêtes, rédaction, gestion de ressources et de bases de données. Beaucoup de compétences interpersonnelles, réseautage, gestion des ressources humaines...

Qu'auriez-vous envie de dire à un·e étudiant·e qui termine un master à la Faculté et va bientôt débuter sa vie professionnelle ?

"Think out of the box !

Faire quelque chose qui le passionne.

Penser à se vendre et oser. Les recruteurs ne se doutent pas de toutes les compétences qu'on a acquises.

Bien penser la différence entre monde académique et organisationnel. Trouver le ""langage"" des entreprises.

Être prêt à quitter la Belgique, même si rien qu'un temps.

Apprendre d'autres langues. 

Quels sont les postes que vous avez occupés précédemment depuis la fin de votre formation  ?

  • Assistant de recherche dans un think-tank (Demos)
  • Assistant de création de programmes éducatifs (the Scouts, la fédération des Scouts du Royaume-Uni )
  • Responsable de projets (organisation de jeunesse)
  • Animateur jeunesse
  • Formateur
  • Responsable programmes de prévention et promotion de la santé, communication
  • Coordinateur d'urgence
  • Coordinateur opérationnel

Comment s'est déroulée votre recherche d'emploi après avoir décroché votre diplôme ?

J'ai eu la chance de bénéficier d'une bourse de stage Léonardo (aujourd'hui Erasmus+) en Angleterre et d'être ensuite engagé un an de plus dans la même boite. Puis, j'ai postulé un peu partout et après une dizaine de tentatives j'ai trouvé un job à Bruxelles. Postuler à Médecins Sans Frontières a été facile car je remplissait tous les critères.

 

Témoignage complet

Bonjour ! Je m’appelle Dale et je diplômé du master en anthropologie depuis 2014. Après une petite ethnographie de trois mois dans une banlieue de Kinshasa (RDC), réalisée dans le cadre de mon mémoire, j’ai choisi de rechercher un emploi plutôt que de m’orienter vers un doctorat. J’avais pour rêve de (me) prouver qu’un anthropologue peut aussi être très utile en dehors d’un monde académique.

Le marché de l’emploi m’a ainsi emmené pendant 18 mois à Londres, au sein de la fédération des Scouts du Royaume-Uni et d’un Think-Tank nommé Demos, puis pendant deux ans à Bruxelles, dans une organisation de jeunesse appelée Latitude Jeunes. Impliqué dans de nombreux projets touchant à l’éducation et à la santé, j’ai découvert des collègues très intéressés par la recherche en sciences sociales. De la création de nouveaux programmes éducatifs mariant pédagogie scoute (non-formelle) et pédagogie scolaire (formelle) en passant par l’organisation de formation pour des coordinateurs de centres de vacances ou encore la gestion d’un large projet de prévention des risques en milieu festif, j’ai toujours été invité à analyser le contexte dans lequel on travaillait afin de mieux adapter et organiser les projets et comprendre leurs impacts sur les gens et la société.

Ce n’était que le début du voyage ! Entre 2018 et 2022, j’ai travaillé comme Responsable Promotion de la Santé, Communication, Information et Éducation (Health Promotion Activity Manager) et aussi comme anthropologue avec Médecins sans Frontières (MSF). Je suis parti au Nigéria, en Haïti, en République Centrafricaine, en Éthiopie, au Soudan du Sud et même à Bruxelles. Dans chaque mission, j’ai fait partie de l’équipe médicale et ai géré des équipes parfois vastes (plus de 50 personnes) dans le cadre de programmes médicaux très variés (épidémies, camps de réfugiés, soutien aux hôpitaux et centres de santé, cliniques mobiles, vaccination, etc.).

Ce travail était passionnant et m’a permis, chaque jour, de réinvestir tout ce que j’ai appris au cours de mes études. Il était situé entre la gestion de projets (l’organisation des campagnes de prévention ou de communication directement sur le terrain, par exemple) mais également la recherche en sciences sociales, puisque l’une de mes responsabilités principales était de m’assurer que les services proposés à la population soient acceptés et adaptés au contexte d’intervention.

En effet, avant de mettre en œuvre quoi que ce soit, mais aussi tout au long d’une activité qui peut durer parfois des mois ou des années, les promoteurs de la santé tentent de répondre à ces questions : est-ce que les gens ici veulent de nous ? Est-ce que soutenir un centre de santé dans ce village va être accepté par les soigneurs traditionnels ? Pourquoi les habitants de cette ville sont-ils opposés aux méthodes contraceptives ? Comment combattre l’exclusion de ces personnes atteintes d’Ebola ? Comment ces populations nomades font-elles face au manque d’accès à l’eau potable en période de sécheresse intense ? Pouvons-nous collaborer avec les soigneurs traditionnels ?

Outre le fait de favoriser l’acceptation et l’adaptation de nos services médicaux, identifier les comportements, croyances et représentations qui impactent la santé des gens sont d’autres responsabilités que ce poste comporte. J’utilise fréquemment les compétences techniques apprises durant mon master, comme la conduite d’entretiens, d’enquêtes, d’observations et la rédaction de rapports. Ce faisant, je dois aussi m’assurer que ce qu’on fait en tant qu’organisation médicale humanitaire soit en phase avec le quotidien et la culture de nos bénéficiaires. C’est donc un travail déterminant qui m’importe beaucoup.

Depuis 2023, j’ai changé de poste et suis maintenant coordinateur d’intervention et de projets, toujours avec Médecins sans Frontières. C’est un travail de coordination générale d’opérations qui s’éloigne de la promotion de la santé mais m’amène à superviser des équipes plus larges, comme les départements médicaux, supply, logistique, les ressources humaines et la finance. Je dois aussi représenter MSF auprès des autorités locales et garder un regard sur la stratégie du projet, tout en étant garant de la sécurité sur le terrain. Encore plus varié, plein de défis et de responsabilités, je reste convaincu que ce poste est parfait pour un anthropologue. Allant de pays en pays, découvrant sans cesse des nouvelles cultures et comportant un aspect résolument humain, il requiert la capacité de s’adapter rapidement à un nouvel environnement de travail au sein d’équipes pluridisciplinaires et multiculturelles (parfois une dizaine de nationalités au sein d’une équipe de 10 expatriés), le tout aux côtés des qualités d’observation et d’analyse de ces contextes complexes. Je citerai aussi la force d’écoute, d’empathie, de compassion et de relativisme… ces détails importants pour garder la passion, le courage, le recul, l’indignation et l’humilité nécessaires au travail humanitaire, au boulot avec « l’autre » et dans l’altérité. 

Mise à jour janvier 2024

 

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Témoignage vidéo tourné en 2016

modifié le 01/04/2024

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