(e-news de décembre 2017)

 

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En débutant mes études en sociologie et anthropologie en 2006 à l’ISHS, j’ai été rapidement séduite par les approches des cours d’anthropologie et la manière d’appréhender en profondeur le fonctionnement social et culturel des sociétés d’ici et d’ailleurs. C’est pourquoi le choix du master en Anthropologie s’est révélé relativement évident pour moi.

Le choix d’un sujet de mémoire est toujours un moment assez délicat. Dans mon cas, c’est le fruit du hasard et d’une rencontre qui a été déterminant. En effet, peu de temps avant la date ultime pour le choix d’un sujet et d’un promoteur, la visite de lointaines connaissances, un couple de professeurs à l’Université de Matara au Sri Lanka, a été décisive. Les récits d’Oscar à propos des sociétés de pêcheurs du Sud du Sri Lanka ont suffi à me transmettre son intérêt pour ces groupes sociaux particuliers dont j’ignorais tout. C’est ainsi que j’ai proposé de réaliser un séjour de terrain au Sri Lanka afin d’y étudier le fonctionnement des coopératives locales de développement dans les sociétés de pêcheurs.

Cette expérience a été extrêmement marquante et enrichissante, tant d’un point de vue personnel que scientifique mais j’ignorais, au moment de m’y élancer, qu’elle serait la première d’une longue série. En effet, suite au mémoire défendu en 2011, j’ai postulé pour une bourse de doctorat qui m’a permis de poursuivre mon aventure sri lankaise en entamant une thèse sur le même terrain mais sur un tout autre sujet : l’impact des projets de conservation de la nature sur les sociétés rurales du sud du pays. Se sont alors enchaînées quatre années rythmées par des séjours de deux à trois mois dans un village de pêcheurs sri lankais et de retours en Belgique marqués par de longues heures de travail de bureau, de lectures, de rédaction. Si la thèse m’a appris beaucoup, tant d’un point de vue théorique et scientifique que sur moi-même, un sentiment de frustration par rapport à la portée de mon travail m’a fait renoncer assez rapidement à l’optique d’une carrière universitaire. Peu à peu, s’est confirmée ma volonté de m’engager dans un métier où l’expérience acquise dans mon cursus universitaire pourrait être mise à profit dans des actions sociales concrètes.

J’ai soutenu ma thèse le 18 novembre 2015, intitulée « La gouvernance environnementale au Sri Lanka. Discours, mise en œuvre  et appropriation locale des politiques de conservation de la nature dans le district d'Hambantota ». Quelques mois plus tard, j’ai été engagée chez Unia, le Centre Interfédéral pour l’Egalité des Chances, dans le cadre de la création d’un nouveau service local francophone décentralisé. Mon travail chez Unia, en tant que responsable de l’antenne locale Liège-Verviers, est multiple et varié et il ne fait aucun doute que les compétences acquises au long de mon parcours académique me servent au quotidien dans les différentes facettes de ce métier de terrain. Un volet essentiel de ma fonction consiste en un travail social de première ligne puisqu’il s’agit de traiter des signalements individuels de discrimination. Concrètement, il s’agit de recevoir et d’écouter les personnes qui se sentent victimes de discrimination dans leur vie quotidienne, d’analyser avec eux leur situation et de tenter de dégager une solution. Un second axe de travail concerne la mise en place de projets locaux de sensibilisation, d’information, de prévention en partenariat avec divers acteurs publics, associatifs ou privés concernés par les thématiques de travail d’Unia. Ponctuellement, il s’agit aussi de guider et de conseiller des acteurs publics, politiques mais aussi des entreprises qui souhaitent mettre en place des politiques visant l’égalité des chances, la promotion de la diversité ou la lutte contre les discriminations. Enfin, le volet « recherche » reste présent puisque l’un des objectifs de la création des antennes décentralisées est le développement d’une connaissance sociologique approfondie des réalités locales liées aux discriminations, à travers des études et analyses de terrain.

En résumé, mon emploi actuel, finalement assez éloigné du contenu de mes études en socio-anthropologie, représente pour moi un équilibre entre un travail social de terrain, où le contact humain est central, et un travail de réflexion essentiel portant sur des problématiques sociales importantes et visant des objectifs qui correspondent à des valeurs que je porte depuis le début de mon parcours.

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