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Le sociologue François Mélard a rejoint la Faculté des Sciences Sociales en septembre 2020, après un parcours universitaire riche et diversifié qui l’a emmené de Louvain-la-Neuve à Arlon, en passant par Paris et New York.


Après des études de Sociologie réalisées à l’UCL, l’intérêt premier de François Mélard à étudier la place des sciences et de l’expertise dans la société, le conduit à mener une thèse de sociologie de l’innovation à l’École des Mines de Paris, une école d’ingénieurs. Il développe ensuite une approche anglo-saxonne des Studies en poursuivant des recherches post-doctorales à la Cornell University, dans l’État de New York. Il décide ensuite de s’inscrire dans un champ de recherche et d’enseignement dans le domaine des Sciences et Gestion de l’Environnement sur le Campus d’Arlon (à la Fondation Universitaire Luxembourgeoise d’abord, qui deviendra par la suite l’Université de Liège).

 

Une approche transdiciplinaire en adéquation avec les Sciences Sociales

Il y a quelques mois François Mélard a fait le choix de se tourner vers la FaSS : « Je ressentais le besoin de nouveaux challenges et de saisir de nouvelles opportunités de recherche et d’enseignement. Après une vingtaine d’années à pratiquer la sociologie des sciences et des techniques dans le domaine environnemental dans des contextes institutionnels variés, mon parcours me porte moins à défendre une discipline (telle la sociologie, ou l’anthropologie), qu’une posture de recherche qui se veut résolument transdisciplinaire. 
Contrairement à la plupart de mes collègues, je ne me suis pas « spécialisé » dans une thématique particulière, jusqu’à en devenir l’expert (l’agriculture, la biodiversité, l’eau, la forêt…). J’ai préféré me rendre disponible à des enjeux – souvent environnementaux et sociétaux – tels qu’ils pouvaient se présenter à moi dans toute leur diversité. Et ce, toujours avec le souci constant de mettre à l’épreuve une posture méthodologique de recherche cohérente et ouverte sur les dynamiques aussi bien scientifiques et techniques que politiques et sociales.

 

Des sciences citoyennes et participatives

Ayant un intérêt particulier pour les approches philosophiques pragmatistes, les orientations de recherches de François Mélard portent sur l’enquête sociotechnique de type qualitatif (ethnographique), ainsi que sur l’élaboration de démarches de recherche-intervention (ou la définition et le traitement des problèmes de recherche se font en partenariat avec les acteurs concernés sur le terrain). 

Ainsi, les travaux récents de François Mélard se consacrent à l’étude et au développement des sciences dites citoyennes ou participatives, c’est-à-dire sur l’étude et l’accompagnement des modes de coopérations entre citoyens (riverains, usagers, patients…), scientifiques, experts et autorités publiques dans la production territorialisée de nouvelles connaissances ou de nouveaux modes de coexistence. Il nous cite, à titre d’exemple, l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos-sur-Mer en France et nous explique que : « Ces recherches m’ont amené à m’intéresser à la délibération publique des enjeux et des choix scientifiques et technologiques et à promouvoir l’exercice d’une « démocratie technique » comme nouvelle forme de gouvernance. »

 

Face à ce que peuvent nous apprendre les pandémies et le réchauffement climatique…

François Mélard s’intéresse particulièrement à l’exploration et l’accompagnement des nouvelles conditions d’habitabilité terrestre et leurs conséquences, au regard du « nouveau régime climatique » (Latour 2021, 2017). Face aux enjeux environnementaux auxquels nous faisons face aujourd’hui (pandémies, réchauffement climatique…), il se dit persuadé que les postures méthodologiques dans les prochaines décennies, seront moins de l’ordre de l’interdisciplinarité que de la transdisciplinarité (Peters and Wals 2013).

Pour lui, il y a un vrai « enjeu à créer des espaces de travail pouvant amener collectivement à modifier et à transformer les pratiques de recherche, de sorte à les rendre plus aptes à capter la spécificité et l’étrangeté des relations nouvelles qui se tissent entre les existants (par ex : des humains et des virus, des virus et des cheptels, des cheptels et leur alimentations, l’alimentation et la biodiversité, la biodiversité et le changement climatique, etc… ».

Il se dit passionné par les manières si différentes, si hétérogènes, voire controversées et même antagonistes, par lesquelles des connaissances sont produites dans des milieux pluriels, et les conséquences que ces connaissances produites ont sur « la gestion de l’environnement ».

 

Un enseignement en prise avec la complexité

François Mélard a proposé à la FaSS un projet pédagogique, notamment sous la forme d’un futur séminaire interfacultaire favorisant la transdisciplinarité autour de l’exploration de controverses environnementales locales (Mélard, Denayer, and Semal 2015) . Il nous explique que : « La complexité de ces controverses, avec les incertitudes qu’elles peuvent engendrer, peut être une ressource pour un apprentissage de qualité : gérer un volume d’informations singulières et contradictoires provenant de protagonistes variés, naviguer entre des visions du monde différentes, comprendre que des choix de connaissances engagent des modalités de gestion différentes… et saisir, in fine, qu’il ne s’agit pas de repérer dans l’ensemble des acteurs, celui qui dit « la vérité », ou qui détient « la solution », mais que cette dernière réside souvent à l’interface des positions… suite à une redéfinition du problème, ou du déplacement des lignes de partage. »

Ce séminaire devrait donc permettre, par la pratique, un apprentissage que l’on acquiert en général par l’expérience professionnelle, une corde en plus à l’arc de l’offre de formation de la FaSS.

 

Bibliographie :

LATOUR, Bruno, 2017, Où atterrir? Comment s'orienter en politique, Editions La Découverte, Paris (Les empêcheurs de penser en rond).

LATOUR, Bruno, 2021, Où suis-je ? Leçons du confinement à l'usage des terrestres, Editions La Découverte, Paris (Les empêcheurs de penser en rond).

MELARD, François, DENAYER, Dorothée, SEMAL, Nathalie, 2015, "“Public-based-Learning”: The Place of Publics in exploring environmental controversies for pedagogical purposes", The International Journal of Environmental and Science Education, 10 (6).

PETERS, Scott, WALS Arjen E. J., 2013, "Learning and Knowing in Pursuit of Sustainability: Concepts and Tools for Transdisciplinary Environmental Research", in KRASNY, Marianne, DILLON, Justin, Trading Zones in Environmental Education: Creating Transdisciplinary Dialogue, Editions Peter Lang, New York, pp. 79-104. 

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